Neurosciences : le coaching sous bonne influence

Neurosciences : François LASSAGNE, journaliste scientifique, ancien rédacteur en chef adjoint du magazine Science & Vie, nous fait le privilège d'un article sur les connections entre les neurosciences et le coaching. Passionnant sujet. Merci à lui pour sa collaboration avec Parenthèses Coaching.

“Neurocoaching”, “neurocoach”, coaching du cerveau … Les progrès récents des sciences du cerveau bouleversent-ils le coaching ? N'y aurait-il de coaching véritable et efficace que “cérébralement prouvé”?

Il faut reconnaître que ces dernières années, les articles d'experts s'intéressant aux différentes approches du coaching – pour soi ou relationnel - se sont multipliés. Une équipe américaine de chercheurs en sciences cognitives des universités de Cleveland (Case Western Reserve) et Pittsburgh a par exemple montré en 2013, grâce à un scanner cérébral, que le coaching se focalisant sur les éléments positifs était plus efficace que le coaching se focalisant sur les éléments négatifs.

En pratique, ces spécialistes du fonctionnement de l'esprit ont demandé à deux groupes de volontaires de suivre, chacun, un programme de coaching différent, pendant quelques jours. Le premier groupe était accompagné par un coach suggérant de travailler sur une vision positive, en posant des questions du type “Si tout se passait idéalement dans votre vie, que feriez-vous d'ici 10 ans ?”. Les membres du second groupe suivaient le programme d'un coach les aidant, lui, à identifier leurs faiblesses – typiquement, en leur posant des questions du type “quelles sont les difficultés que vous vous attendez à devoir affronter la semaine prochaine ?”.

A la fin du programme, les deux groupes ont passé quelques minutes à l'intérieur d'un scanner cérébral, mesurant l'activité de chaque région de leur cerveau, et répondu à un questionnaire pour connaître leur état d'esprit.

Résultat ? Sans surprise, les membres du premier groupe avaient bien davantage que les membres du second l'impression d'avoir été inspirés et motivés pour atteindre leurs idéaux. Mais surtout, ce qu'a montré le scanner, c'est que certaines régions du cerveau étaient particulièrement actives chez les membres du premier groupe, ayant suivi le programme du coach “positif”. Ces régions sont celles connues par les chercheurs en neuroscience pour être liées à l'imagination visuelle, le traitement global de l'information – la capacité à distinguer l'essentiel par delà les détails -, ainsi qu'à la capacité d'empathie.

Les chercheurs ayant conduit cette étude ont conclu que le coaching “positif” a tendance à activer des “circuits” cérébraux importants pour la capacité à réduire le stress et à se projeter dans le futur.

Preuve définitive que le coaching – particulièrement dans sa version focalisée sur les forces et les désirs positifs - “fonctionne” ?

Hé bien... oui et non. Oui, parce que les chercheurs américains ont mené une étude sérieuse, à la méthode solide. Leurs conclusions sont argumentées. Non, parce qu'une seule étude ne suffit pas à fonder une vérité – toute scientifique qu'elle soit. Et, aussi, parce que l'imagerie cérébrale est, malgré l'impact des images qu'elle produit – voir, c'est croire, dit-on … - n'est jamais qu'une science jeune, dont les limites théoriques et les difficultés d'analyse sont âprement débattues par les spécialistes. Sans compter que nombre de “neuromythes” parfaitement faux circulent encore (tel celui qui veut que nous n'utilisions que 10% de nos capacités cérébrales), issus d'interprétations hâtives des découvertes scientifiques.

Neurosciences
Alors... Au temps pour la science du cerveau qui viendrait enfin donner une base incontestable à la pertinence et à l'efficacité du coaching ?

Non ! Car les sciences de l'esprit n'ont pas attendu les neurosciences de ce début de siècle et son imagerie saisissante pour apporter bien des arguments à la pratique des coachs.

En premier lieu, les psychologues ont établi de longue date ce que peut être la nature du bonheur. Or … le coach a dans ses objectifs fondamentaux d'aider chacun à se sentir plus heureux. Il peut donc compter sur le concours précieux de la science pour guider les personnes qu'il accompagne.

En occurrence, ce que les sciences cognitives – associant psychologie et neurosciences – ont établi, c'est que le bonheur est, fondamentalement, l'état de quiconque se réjouit à l'avance de ce qu'il va vivre.

Parmi les “soutiens” scientifiques les plus récents à cette définition, esquissée il y a déjà des décennies, une étude conduite en 2007 par des chercheurs de l'université de New York. Leurs “cobayes” (une vingtaine d'adultes), installés, là encore, dans un scanner cérébral, devaient imaginer un événement positif, issu du passé ou à venir – anniversaire, mariage, remise de diplôme, vacances en amoureux... Résultat: une poignée de régions du cerveau se sont particulièrement manifestées: hippocampe, amygdale, cortex préfrontal ventromédian (CPV)… Confirmant la définition découverte bien avant, sans imagerie cérébrale.

Explication: l'hippocampe assemble une représentation mentale d'une situation. Le CPV, lui, attribue une valeur (j'aime/j'aime pas) à cette représentation, valeur qui sera, aussi, influencée par le contexte (ambiance sociale, musique, etc). Enfin, le CPV est connectée aux régions “primitives” du cerveau – ceux donnant désir et appétit, en particulier. Voilà la mécanique cérébrale du bonheur retracée sous la boîte crânienne.

Seul hic: même si nous sommes tous “cérébralement équipés” pour le bonheur – merci Dame Nature ! - … nous sommes aussi particulièrement “équipés” pour nourrir des pensées négatives.

Et voilà un autre enseignement des sciences de l'esprit: nous avons hérité de l'évolution une large palette d'émotions négatives (dégoût, colère, peur...), et une seule émotion positive - la joie. Logique: quand nos ancêtres devaient éviter griffes et crocs et courir après des proies, il était utile d'être motivé par le désir de déguster une part de gibier … mais vital de réagir promptement au moindre changement, et donc de mobiliser sa colère, sa peur... Pour être heureux, il y a donc un premier travail à faire: savoir comment faire face à ces pensées négatives qui ont, depuis des milliers d'années, les premières places dans nos têtes.

Les coachs peuvent, sur ce plan, compter sur une découverte récente et fondamentale des neurosciences: le cerveau humain est incroyablement plastique. Autrement dit: il n'est pas figé. Il change littéralement d'un jour à l'autre, et au fur à mesure des années. Des neurones nouveaux se créent, chez l'adulte, par milliers, chaque jour. Ceux-là, et les cellules nerveuses installées dans le cerveau depuis longtemps tout autant, se reconfigurent sans cesse, modifient la manière dont elles se connectent les unes aux autres. Et voilà une garantie formidable qu'il est tout à fait possible de changer – pour le meilleur.
Ca n'est pas toujours évident. Et les coachs sont là pour faciliter cette tâche.
Le dernier enseignement qu'ils peuvent, d'ailleurs, sans doute, emprunter aux neurosciences, est le suivant: apprendre quelque chose de nouveau – changer ! - passe souvent par la capacité à inhiber ses habitudes. A emprunter des “chemins de pensée” différents de ceux que l'esprit parcourt usuellement.

Plusieurs équipes de recherche ont montré, ces dernières années, qu'apprendre est, le plus souvent, savoir aller contre ses intuitions. Les chercheurs défendant cette idée ont montré que le cortex préfrontal (partie du cerveau légèrement en arrière du front) dispose de connexions nerveuses très longues, capables d'envoyer des messages activateurs ou inhibiteurs dans l'ensemble du cerveau. Un mécanisme très performant, qui va ou bien renforcer une aptitude de l'esprit acquise de longue date ou, au contraire, l'empêcher d'être utilisée – au profit d'une réflexion nouvelle, une autre manière de considérer une situation.

A l'exercice du portrait chinois “Et si vous étiez une partie du cerveau ?”, les coachs pourraient être bien inspirés de répondre “le cortex préfrontal”...

En savoir plus ?

Regardez un reportage sur le cerveau dans l'émission de Jérôme BONALDI avec François LASSAGNE

Bonus 

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